Reconnaître son besoin d'aide et d'être aidé.
C'est le préalable indispensable à toute restauration. Cette reconnaissance permet de porter un regard lucide et juste sur soi et ainsi de renoncer aux prétextes et alibis douteux que l'on peut
avoir. Du moins à toutes les bonnes raisons que l'on a pour ne pas changer ou pour trouver des avantages personnels dans les situations (difficiles) que l'on vit. Dans l'Evangile, Jésus cherche
toujours à susciter cette prise de conscience chez ceux qui ont besoin d'aide, et qui n'en font pas forcément la demande. L'exemple de son entretien avec la Samaritaine dans Jean 4 est à, cet égard,
très significatif. Dans cette rencontre, c'est lui Jésus qui est « demandeur ». Nous soulignons ce point par rapport à ce que nous avons vu avec la démarche des psychologues qui accueillent
des demandes et qui, dans l'entretien clinique, ne sont pas eux-mêmes en situation de demande. On voit aussi fréquemment Jésus répondre aux vrais problèmes des gens, sans forcément répondre à la
question qu'ils posent mais à celle qu'ils auraient du poser. En effet, pour ceux qui expriment le besoin d'être aidé, un travail profond sur leurs vraies motivations est souvent engagé par Jésus
(Nicodème dans Jean 3 ou le docteur de la loi dans Luc 10).
Mettre des mots sur ses maux.
La formule est élégante, mais c'est vraiment la base de toute relation d'aide. Une sorte de « clef de l'âme ». Ceux qui ont besoin d'aide devront apprendre à dire ce qui fait mal, ce qui
fait souffrir ou ce qui met en colère. Mais aussi dire l'indicible, la honte, la peur, la haine, la soif de vengeance. L'Apôtre Paul dans Ephésiens 4-21 invite les croyants à « se mettre en
colère », en précisant cependant de ne pas pécher en laissant le soleil se coucher sur leur colère. Il est intéressant de trouver cette exhortation dans un contexte où nous sommes invités
justement « à nous parler les uns les autres avec vérité ».
Cependant, soyons conscients que l'apprentissage de la « mise en mot des maux » ne sera possible que si des questions pertinentes et adaptées sont posées : « Que dis-tu de toi ? », «
Quels sont tes rêves de vie ? », « Que devrait-il se passer quand ton couple sortira de l'impasse ? », « A quoi reconnaîtrez-vous que votre couple va mieux ? », « Dans le problème que vous traversez,
y-a-t-il un avant et un après ? », « A quand ou à quoi remonte cette haine que tu nourris à l'égard de ton père ou de ta mère », « Pourquoi cette jalousie irrationnelle à l'égard de
ton frère ou de ta sœur », etc..
Quand le climat de confiance est établi, celui qui souffre n'aura pas de peine à se « dire ». C'est tellement vrai que Jésus saisit toujours l'occasion d'établir un vrai dialogue avec ses
interlocuteurs : la parole est l'antichambre de la liberté, de la guérison et de la restauration ! Mettre en mots ses maux est important car 100% des gens qui sortent de leurs problèmes ont
commencé un jour par en parler. Cela ne veut pas dire malheureusement que tous ceux qui parlent de leurs problèmes parviennent à les résoudre.
Que dois-je faire ?
C'est la bonne question ! De cette question peut jaillir la vie, un vrai recommencement ou une restauration complète. Il est donc important, pour la personne qui a besoin d'aide, de parvenir à
se poser cette question simple. Quand on se pose cette question, on n'a plus d'alibis (en principe). On se sent réellement impliqués et concernés. On se reconnaît propriétaires de sa vie et de ses
choix, sans rendre les autres responsables de ses non-choix. On passe à l'action, après la réflexion, les doutes, les hésitations et les remises en question. On trouve cette question dans de nombreux
passages du Nouveau Testament : Luc 3-10 à 14 ; Actes 16-30 ; Matthieu 19-16 ; Luc 10-25 ; Marc 10-17 ; Luc 18-18 ; Actes 2-37. Nous vous renvoyons au rapport d'atelier que nous avons mené sur
ces textes lors du dernier week-end. On peut dire en résumé que chaque fois que cette question est posée il y a une invitation très forte à se positionner, à mettre en œuvre une compréhension ou une
découverte nouvelle, à poser des actes, à cesser de vivre en intention pour vivre en décision. C'est aussi à cela que sont invités tous ceux qui sollicitent l'aide des autres et qui se demandent
« que dois-je faire ? ».
Mais guérir pour quoi ?
Il nous semble que sur ce point, l'Evangile a aussi un message spécifique qu'il faudra tout le temps rappeler. Dieu veut nous guérir pour que nous puissions aller plus loin et être plus féconds (Jean
4-1 à 43 ; Jean 8-1 à 11). Mais il veut aussi nous faire sortir de notre isolement afin que nous ne soyons plus recroquevillés sur nous-mêmes (Jean 9 -1 à 38). Nous sommes aussi appelés à être plus
libres (Luc 19-1 à 10), à grandir et à progresser (Jean 3- 1 à 13). Il y a cependant un point sur lequel l'Evangile insiste beaucoup : Dieu nous guérit pour faire du bien et « pour être
rendus » à ceux à qui nous avons le plus manqués ! (Marc 2-12 ; Marc 5-19 ; Marc 8-26 ; Luc 9-42 ; Luc 7-15). C'est ici la reconnaissance explicite que notre souffrance parfois nous éloigne
et nous coupe de nos proches. Une fois rétablis, il existe une sorte de « priorité « de retour et de « restitution ». « Va faire du bien à ceux qui ont le plus souffert de ton
absence, de tes manques, de ta souffrance et de ton égarement ».